18
OCT.
2014
04
JANV.
2015
Toulon

EXPO : Enki Bilal : Oxymore & More

Enki Bilal : Oxymore & MoreL'Hôtel des Arts, centre d'art du Conseil Général du Var, expose depuis près de 15 ans des artistes contemporains à la renommée internationale en explorant touts les supports ; A la
peinture, la sculpture et la photographie, se sont ajoutés ces deux dernières années l'architecture, la vidéo, les arts numériques et, à travers « Oxymore and More », pour la première fois la bande dessinée. A travers une approche rétrospective et thématique du travail d'Enki Bilal (illustrations,
peintures, clips vidéo, compression cinématographique et bien entendu, bandes dessinées), cette exposition permettra aux visiteurs de découvrir les multiples talents de cet « artiste hybride » qui a construit sa vie et son oeuvre autour du dessin.

La puissance et l'originalité de ses images ont marqué les esprits de plusieurs générations de lecteurs et de spectateurs : qu'elle soit conçue pour le cinéma, pour illustrer la couverture d'un roman ou l'affiche d'un ballet, pour les planches d'une BD ou qu'elle recouvre une toile, chacune
de ses créations est percutante et reconnaissable au premier coup d'oeil.

Pourtant, loin de rester figé dans un style qui lui a apporté la reconnaissance du public et de la critique, Enki Bilal évolue sans cesse, change de technique, s'approprie les nouvelles technologies, multiplie les expériences graphiques et les collaborations, toujours à la recherche de nouvelles voies à explorer. Pour sa dernière trilogie, dite du « Coup de Sang », (« Animal'Z », « Julia et Roem » et « La Couleur de l'Air »), il revient aux fondamentaux : feuille de papier et
mine de plomb.

Enki Bilal est un artiste en perpétuel mouvement, créant sans cesse des passerelles entre les différents médiums, passant du 9ème au 7ème Art, du dessin à la peinture, afin d'enrichir
inlassablement son oeuvre de ses nouvelles rencontres et expériences. Qui mieux que lui, pouvait représenter la bande dessinée, art vivant à la fois populaire et contemporain, pour une première exposition à l'Hôtel des Arts ?

« Rien ne peut éclipser le dessin. »
Avec le temps, certaines images peuvent sembler quasi prophétiques, laissant entrevoir des fragments d'avenir. C'est le cas de ces quelques secondes de film* où l'on voit le jeune Enki, âgé d'une dizaine d'années, ébauchant un cow-boy, à la craie sur les trottoirs de Belgrade. Tout est dit sur ce petit morceau de pellicule prémonitoire qui rassemble les fondements de l'ensemble de son oeuvre iconographique.

Tout d'abord, la Yougoslavie, la terre de son enfance, qui va laisser des traces indélébiles sur toutes les images que Bilal produira durant des décennies. Ce pays qu'une guerre
particulièrement cruelle et absurde va faire voler en éclats et qui laissera de profonds et douloureux stigmates, si visibles dans la trilogie du « Monstre ».

Il y a ensuite le cinéma, rêve d'enfance qui paraissait inaccessible, que Bilal va découvrir et s'approprier au fil de ses films et qui, même s'il lui laisse parfois un petit goût d'insatisfaction au fond de la gorge, continuera d'enrichir son oeuvre et de l'attirer comme une force magnétique.

Enfin, et par dessus tout, le dessin qui va véritablement tracer son destin. Ce simple trait de crayon, de craie ou de charbon, qui de Lascaux à Picasso, va lui montrer la voie à suivre, va lui permettre, à lui l'enfant déraciné, de trouver sa place (et quelle place) dans la société. C'est donc cela qui en toute logique sous-tend l'ensemble de cette exposition. Ce dessin sur lequel repose ses livres, ses peintures et ses films, donnant forme aux villes, donnant vie aux personnages et
donnant vigueur à la Terre. Ce dessin qui, lorsqu'il devient peinture, évoque Francis Bacon ou Lucian Freud, et montre toute sa puissance. Ce dessin qui, sous la forme de story-board ou de
concept-art devient images cinématographiques. Ce dessin qui, dans des moments d'épuisement, va revenir à l'essentiel, simple ligne tracée à la mine de plomb sur un support de couleur. Une
simple ligne, un tracé épuré, un trait ultime que les hommes se transmettent, depuis des millénaires, comme un témoignage de leur humanité. Ce savoir faire que tous les enfants possèdent mais que la plupart perdent en devenant adultes et que seuls les artistes parviennent à conserver. Ce geste à la fois primal et primordial sur lequel Enki Bilal rejoint Alberto Giacometti
qui disait : « Le dessin est la base de tout ».

Hôtel des Arts
236 Boulevard Maréchal Leclerc – Toulon

+33(0)4 83 95 18 40

hoteldesarts@cgvar.fr

www.hdatoulon.fr